Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/230

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mante qu’une impression pénible d’écrasante lassitude… Cependant, le lendemain, après un repos réparateur, vous êtes assaillie soudain par les souvenirs exquis de cette promenade ; et vous sentez naître en vous le désir de la recommencer. Voilà l’état d’âme de d’Arlaud, mademoiselle. Songez que, de surcroît, Marcel n’a plus ses jambes de vingt ans ; à son âge, on s’essouffle assez rapidement… Je suis confus de vous dévoiler ces matérialités ; mais, sachez-le : rien n’est plus matériel que l’acte épuré, éthérisé, divinisé par les poètes. Ne doutez pas des sentiments de Marcel, cessez de vous chagriner : ce n’est pas un mufle, c’est un quadragénaire ; ce soir, il est simplement fatigué et il n’a pas eu la force de vous le dissimuler… Si je le défends à vos yeux, après le tour qu’il me préparait, c’est que j’ai l’esprit de justice.

— Vous avez surtout l’intention de me consoler ; murmura Suzanne.

Elle crispa brusquement ses mains contre sa poitrine avec un geste de souffrance.

— Qu’avez-vous ? demanda Salmon.