Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Une crampe… Je crois… Je crois que j’ai faim : j’ai oublié de dîner.

— Vous n’avez pas dîné et vous prétendez raisonner ? Alors, je ne m’étonne plus que vous soyez si pessimiste… La philosophie, c’est une question d’estomac.

L’auto s’arrêtait devant la maison de M. Tardivet.

— Allons ! reprit Salmon. Plus d’enfantillage, à présent… Vous allez tâcher de rasséréner cette frimousse-là. Et laissez-moi parler à votre père ; dites comme moi, ne vous étonnez de rien… J’ai comme un vague pressentiment que nous allons trouver là-haut une jeune personne encore plus bouleversée que vous : j’ai tenu, il y a une demi-heure, une conversation téléphonique qui a dû quelque peu déconcerter mademoiselle Gilberte…

Suzanne l’interrogeait du regard. Il ricana :

— Dame !… Je ne suis pas un saint. La vengeance me reste…

Suzanne eut un élan vers lui :

— Ah ! monsieur, puisque vous avez eu pitié de moi qui suis coupable… Laissez-moi espé-