Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/239

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d’ignorer ses filles, de mériter l’estime des frères Salmon ; et passait à côté de l’aventure dans laquelle il jouait maintenant le vilain rôle.

« J’avais raison, ce matin-là, de me plaindre qu’elles fussent trois ; se dit Marcel. Le père Tardivet eût bien mieux fait de n’avoir qu’une fille. »

Oui, mais laquelle ?… Marcel hésitait à choisir. Une voix ardente bourdonnait à son oreille : « Je m’étais imprégnée de votre esprit, de vos conceptions, de vos opinions ; j’employais vos tournures de phrases ; je ressemblais inconsciemment à vos héroïnes… » Il constatait :

« Il est indiscutable qu’elle sait m’apprécier. »

L’esprit flatté, la chair parlait à son tour : le souvenir d’un jeune corps vibrant, écrasé contre le sien, éveillait son désir…

« Elle m’aime, celle-là, et elle a vingt ans… » Ces avantages valaient bien la perfection esthétique de la belle — de la rebelle Gilberte.