Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien que j’explique ma conduite à papa… et à Monsieur d’Arlaud. C’est très simple… J’ai réfléchi à notre situation. J’ai pensé : « Mes sœurs sont très malheureuses de monter en graine ; et moi j’en arriverai là, à mon tour… En ce temps-ci, neuf filles sur dix restent célibataires. Donc, si vingt-sept jeunes filles sur trente sont laissées pour compte, il y en a trois qui se marieront : pourquoi ne serions-nous pas ces trois-là ?… Il suffit de savoir s’y prendre. » Je me creusais la tête… Je cherchais des idées un peu partout, dans les livres, dans les journaux… Chaque semaine, Denise rapportait du travail à recopier : je lisais ainsi des masses de pièces de théâtre… Je suis tombée sur Yvette, de Monsieur Marcel d’Arlaud… Oh ! Quelle surprise… On aurait dit que l’auteur nous connaissait : chacune de nous possédait l’une des qualités de son héroïne. Gilberte est très jolie, Denise est intelligente ; moi, j’ai la malice et l’esprit du rôle. Aussitôt, j’ai compris ce qu’il fallait faire. J’ai dit : « Mettons nos qualités en commun : Gilberte est belle, mais irrésolue ; Denise est adroite, mais timide. Eh bien ! j’aurai de l’audace et de la décision pour elles.