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Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/97

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« Madame, je vous demande pardon : je vous prenais pour une autre personne… Cette ressemblance est vraiment prodigieuse ! » Comme il s’était décidé à me lâcher le bras, je me suis éloignée en saluant sans répondre. Après être resté un instant à la même place, il a dû presser le pas pour me rejoindre car, sans tourner la tête, j’entendais galoper derrière moi. Au moment où j’atteignais le boulevard, il m’a dépassée ; alors, ralentissant son allure, il a marché à ma droite en cherchant à amorcer une conversation : « C’est extraordinaire, madame, ce que vous ressemblez à Mlle Nelly Rosane, l’actrice bien connue… On ne vous l’a jamais dit ?… C’est une amie à moi… L’avez-vous déjà vue ? » etc… etc… Je me sauvais, sans souffler mot. Vous pensez, monsieur d’Arlaud, si j’ai l’habitude d’être suivie dans la rue depuis le temps que je sors seule pour donner mes leçons ! Aussi, je n’éprouvais pas cette surprise effrayée des novices ; mais j’avais peur, ne sachant que faire et me doutant bien — à son aspect, à son auto qui le suivait au pas, le chauffeur imperturbable épiant cette scène du coin de l’œil —