Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que ce monsieur était l’ami de Nelly Rosane, le protecteur dont vous m’aviez parlé… De quelle manière agir, maintenant que cette rencontre inopinée s’interposait entre vos combinaisons ? Si Suzanne avait été là, elle m’aurait dit ce qu’il fallait faire. Moi, toute seule, j’étais désemparée… Devais-je laisser ce monsieur me suivre jusqu’à ma porte et découvrir ainsi mon adresse ? Devais-je répondre ? Je n’aurais su. J’ai craint de gaffer, livrée à moi-même. Alors, comme je connais, au coin du boulevard, une maison qui a deux issues, je m’y suis introduite par l’entrée de service, je suis ressortie par la porte qui se trouve face à la gare du Nord ; et là, ayant dépisté mon suiveur, j’ai pris le métro et suis venue chez vous pour vous raconter tout…

Marcel, secrètement flatté de cette docilité naïve, approuva :

— Mais c’est parfait, ma chère enfant et vous vous calomniez : vous savez fort bien improviser devant l’imprévu… C’est bien Henry Salmon qui s’est trouvé en votre présence — un peu par mon fait : s’il était dans votre quartier, c’est qu’il m’avait conduit jusqu’à votre porte ;