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Page:Marais - Trio d amour.pdf/106

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Robert eût été un mari Adèle, qu’Adrienne se fût dit — après la visite de Mme Labrousse : « Soyons sérieuse… J’ai eu un moment de vertige… Maintenant, il faut devenir raisonnable et ne plus convoiter le bonheur d’une autre. »

Mais cette exquise Cécile Labrousse était trompée par une gamine vicieuse qui ne la valait point… À cette idée, la vertu d’Adrienne se retournait chancelante. Sa volonté, mauvaise conseillère, lui chuchotait le : « Pourquoi pas moi, en somme ? » qui la démoralisait.

Pourquoi n’arriverait-elle pas à séduire cet homme qu’elle aimait farouchement, en dépit des défauts, de l’infériorité qu’il accusait chaque jour dans ses faits et gestes. Bah ! elle l’aimait quand même… Elle l’aimait parce qu’il avait des yeux gris et bleus, au reflet glauque ; parce qu’il souriait finement en parlant d’une voix pénétrante ; parce que ses cheveux étaient caressés d’un reflet châtain et son teint bronzé d’un hâle doré. Parce que… Parce que : rien. Et c’est là la cause la plus grave des passions profondes : les sentiments que rien ne justifie sont les plus durables.