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Page:Marais - Trio d amour.pdf/144

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Puisque les cheveux gris ne vous effrayent pas Adrienne, acceptez mon offre… Donnez-moi ce petit cœur meurtri… Confiez-moi le soin de réparer ce demi-malheur : j’essayerai de m’en faire un demi-bonheur… Je vais vous emmener loin d’ici… Nous voyagerons… Vous oublierez : tout finit par là, mon amie.

Adrienne sanglotait, en balbutiant :

— Oh ! Descombes !… Descombes !… C’est par pitié que vous faites cela… vous ne serez pas heureux !

Edmond eut un fin sourire devant cette ingénuité. Il prit la jeune fille dans ses bras ; et conclut, en l’embrassant doucement :

— Mais non… mais non. Seulement, je suis à l’âge où il faut savoir sacrifier la moitié de son bonheur, pour sauver le reste… Le mariage d’un quinquagénaire peut se comparer à un navire qui fait eau : en jetant la moitié de la cargaison par-dessus bord, le capitaine a encore chance d’arriver à bon port !