Page:Marais - Trio d amour.pdf/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puter la paternité, et c’était encore Robert qui s’était entremis pour déterminer le chiffre des pensions et désarmer les maîtresses avides d’esclandre.

Robert Labrousse étudiait du coin de l’œil la visiteuse envoyée par son ami ; il la devina irrémédiablement timide à ses manières embarrassées, sa façon de baisser les paupières, son silence persistant. Il s’énerva : allait-elle lui faire perdre son temps, alors que des clients s’impatientaient de l’autre côté ? Il interrogea, avec autorité :

— Eh bien !… Que désirez-vous, mademoiselle ?

Adrienne ravala sa salive, se pencha un peu, et balbutia d’une voix sourde, en lui remettant l’enveloppe qu’elle tenait à la main :

— Cette lettre… qui est de M. Descombes… vous expliquera mieux que moi l’objet de ma démarche, monsieur.

Elle s’enhardit à dévisager l’avocat, tandis qu’il décachetait nerveusement le pli. Robert Labrousse avait la tête inclinée. Adrienne remarqua d’abord les cheveux que divisait une raie parfaite ; le front ridé de trois sillons énergiques ; le nez aquilin,