Page:Marais - Trio d amour.pdf/18

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légèrement busqué ; la bouche charnue, plissée aux commissures, agitée d’un tic qui, par moments, lui faisait rentrer la lèvre inférieure sous la morsure des dents aiguës ; cette bouche avait une expression ironique et désabusée. Le teint était pâle, les joues plates, fripées par les veilles. Les yeux étaient bleus ; ils se posaient franchement sur les gens, avec un regard impérieux et narquois qui décontenançait de prime abord, et séduisait ensuite. D’ensemble, cet homme plaisait beaucoup à Adrienne ; son extérieur dénotait un caractère ferme et pondéré, une froideur et une résolution qu’elle admirait chez les autres, parce que ces sentiments étaient en antithèse avec sa propre nature. Néanmoins, il avait une multitude de petites rides qui griffaient sa peau, des tempes aux paupières ; une façon lasse et souriante, à la fois, de regarder les femmes, et une coquetterie répandue en toute sa personne, qui décelaient l’homme de plaisir sous l’homme d’affaires, le jouisseur derrière l’ambitieux.

Robert Labrousse commençait de lire la lettre de son ami :