Page:Marais - Trio d amour.pdf/21

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Il glissa un regard vers Adrienne. Jolie ? Oui : pas mal… Une longue créature aux mains effilées… Quoique, personnellement, il appréciât peu ces beautés sévères de vierges byzantines aux lèvres closes et aux yeux graves. Et puis, il n’aimait pas les silencieuses, ni les femmes d’allures réservées. Au surplus, Robert Labrousse se montrait fort indifférent — ici — aux charmes auxquels il était sensible — ailleurs. Sa présence au bureau semblait lui conférer une sorte de chasteté temporaire : de dix heures à midi et de cinq à sept, il était réfractaire aux séductions d’Ève — quitte à se rattraper ensuite. Le nombre de ses clientes — la plupart jeunes et faciles — justifiait sa prudente attitude.

Il se décida à déclarer, sans entrain :

— Mademoiselle… Je ne vous dissimule point que mon ami Descombes vous recommande si chaudement que… Néanmoins, je n’ai pas d’emploi vacant, pour l’instant… Si l’occasion se présentait, je songerais à vous… Quel âge avez-vous ?

— Vingt-cinq ans, monsieur.

— Eh bien… Voulez-vous me laisser votre