Page:Marais - Trio d amour.pdf/22

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adresse ? Ne vous donnez pas la peine de revenir : je vous écrirai.

— J’habite à l’hôtel des Négociants, rue d’Enghien.

L’avocat inscrivait machinalement l’adresse sur son bloc-notes. Puis, il se levait.

Adrienne se sentit congédiée. La froideur de Labrousse la blessait étrangement : ce n’était pas le malaise humiliant que procure un échec deviné, mais plutôt une espèce de souffrance vague, disproportionnée à l’objet qui la causait. Adrienne ne comprenait pas. Elle leva les yeux sur Robert Labrousse et pensa, en le considérant longuement : « Pourquoi ai-je de la peine à m’en aller ? » Elle éprouvait une impression de bien-être, au contact de cet homme sérieux qui lui inspirait une sympathie respectueuse.

Comme l’avocat paraissait irrité de son immobilité, elle se résigna à sortir.

Dans la cour, un automobile luxueux stationnait, gardé par un chauffeur morose. Les initiales : R. L. entrelacées sur la portière apprenaient à la jeune fille que c’était la voiture du