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Page:Marais - Trio d amour.pdf/228

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Sa maigreur osseuse trahissait les rancœurs inavouées d’un célibat mal supporté. Sa figure bilieuse suait l’envie ; et les paroles mordantes qu’exprimaient ses lèvres jaunes et pincées, coulaient comme le jus acide d’un citron qu’on presse.

Elle inspirait encore plus de moqueries aux clercs qu’Adrienne n’avait excité de jalousies de collègues.

Aussi, cessant de médire de l’une pour s’offrir le plaisir plus vif de railler l’autre, Arnaud insinua-t-il :

— Hé ! le patron est connu pour ses goûts volages… Mademoiselle Claire n’a qu’à bien se tenir… peut-être qu’un jour ce sera son tour !

Un rire général salua cette plaisanterie. Ulcérée, la vieille fille se recula silencieusement, telle une vipère qui rentre sous le buisson. Une haine froide, faite d’envie, de fausse pruderie, de prétentions mortifiées, l’irritait de rancune contre Labrousse et contre Adrienne, — quoiqu’elle n’eût aucun grief personnel à faire valoir, aucun tort à reprocher au patron correct ou à l’ancienne collègue.