Aller au contenu

Page:Marais - Trio d amour.pdf/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à lui seul deux dixièmes de mon chiffre d’affaires : il mérite que je lui serve un petit intérêt de son argent. »

À la question de Cécile, Robert, interloqué, releva la tête et regarda sa femme : Cécile avait un visage de poupée blonde aux yeux candides, au menton gras, aux lèvres boudeuses ; elle conservait un air d’extrême puérilité qui la faisait paraître encore gamine à vingt-neuf ans.

Robert, amusé et trompé par cette allure « enfant », attribuait à sa femme une intelligence médiocre incapable de s’intéresser aux sujets sérieux. Il ne lui parlait jamais de ses affaires, ni de ses soucis. Il la traitait de même que Paul, la considérant avec cette condescendance attendrie qu’il témoignait au marmot de sept ans.

Aussi, répliqua-t-il d’un ton agacé :

— Ma chère amie, si les choses auxquelles je pense étaient de ton ressort, je te le dirais… Mais ce sont des histoires assommantes qui concernent le bureau… Es-tu fatigante, avec ta manie de vouloir savoir à quoi je réfléchis dès que je me tais pendant cinq minutes !