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Page:Marais - Trio d amour.pdf/54

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considérant que l’intensité de l’amour ressenti.

Il lui semblait que l’effet de réagir eût été un demi-suicide : tâcher à oublier, c’est mourir un peu ; quand la joie de vivre ne vous apparaît que sous la forme d’une seule espérance. Jusqu’ici, l’existence d’Adrienne avait consisté en l’expérience des différentes sortes de difficultés pécuniaires et de la nécessité absolue de se donner beaucoup de peine pour gagner peu d’argent ; son ambition morose pouvait se comparer à celle d’un Sisyphe qui aurait déjà vu son rocher retomber plusieurs fois : elle ne désirait plus rien, à force de douter de tout.

Et tout à coup, sous l’effet brutal d’une conversation dangereuse, Adrienne venait d’entrevoir le véritable intérêt de son avenir : le bonheur d’aimer, la peur de souffrir. Inquiète mais résolue, elle décidait de poursuivre le seul but possible : plaire à Robert Labrousse.

C’est un homme marié ? Qu’importe ! Sa femme ?… Il la trompe déjà. D’ailleurs, un premier amour est trop impétueux pour s’embarrasser de scrupules. L’unique obstacle à considérer