— Prévenez votre maîtresse qu’une dame désire lui parler… Il s’agit d’une communication urgente et confidentielle.
La domestique la fit entrer au salon, sans même songer à lui demander son nom.
Adrienne inspecta le décor avec curiosité. C’était pimpant, moderne et quelconque. Pas un indice ne trahissait les goûts de Mistiche : on devinait que l’arrangement avait été sagement confié aux soins du tapissier, sans initiative personnelle. Un beau piano à queue tenait la moitié de la pièce : « Tiens ! elle est musicienne, » pensa Adrienne. Mais elle faillit éclater de rire, lorsqu’elle se fut approchée : sur le majestueux instrument s’étalaient les dernières scies de café-concert et les couvertures multicolores des danses momentanément à la mode ; le contraste était assez piquant.
Adrienne s’était crue seule : tout à coup, elle s’aperçut que, dans la salle à manger… séparée du salon par une large baie vitrée — se trouvait un autre visiteur.
C’était un monsieur d’âge et d’embonpoint respectables. Il était assis près de la fenêtre, les