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Page:Marais - Trio d amour.pdf/77

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de gratitude d’être le vengeur inconscient. La jalousie d’Adrienne se délectait à se représenter Robert amoindri, diminué, sous l’aspect d’un amant ridicule dont on exploite l’absence propice.

Mistiche se mit à narrer l’odyssée du sac, du chauffeur et de l’enveloppe, avec une volubilité étourdissante, embrouillant encore l’histoire d’Adrienne. Puis, elle conclut impérieusement :

— Qu’est-ce que ça signifie, à ton avis ?

M. Philippe, interloqué, eut une moue dubitative ; il avoua :

— Je ne comprends pas très bien… Il s’agit sans doute d’une coïncidence ?…

Mistiche aimait les précisions. Elle grogna entre ses dents :

— Pochetée, va !

Et déclara, d’un accent de suprême dédain :

— Tiens ! Je vais le demander à la femme de chambre : elle est plus intelligente que toi.

Elle sortait brusquement du salon, laissant ses hôtes en plan. Le monsieur hocha la tête avec indulgence, semblant prendre Adrienne à témoin de la vivacité délicieuse de sa séduisante amie. Il