Aller au contenu

Page:Marais - Trio d amour.pdf/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exemplaires, n’était-elle point d’une banalité navrante ?

Adrienne reprenait espoir en contemplant son originale beauté de grande fille un peu sauvage. Certes, ce n’était pas la femme à la mode : ses cheveux lourds encadraient son visage de bandeaux irréguliers : leur épaisseur et leur longueur défiaient l’ondulation la plus habile ; sa peau mate aux tons d’ivoire ignorait la fraîcheur factice des crèmes et des pâtes. La profondeur même de son regard sombre, l’amertume qu’exprimait sa figure tourmentée, le sourire crispé de ses lèvres mélancoliques eussent rebuté le vulgaire.

Cependant, quel caractère avait cette tête classique et grave dont le modelé parfait répondait aux proportions rigoureuses de l’antique !

Adrienne se rappelait les jugements portés sur elle : « Elle ne ressemble à personne, la petite Forestier ! » disaient certains, reconnaissant inconsciemment l’individualité de la jeune fille.

Un sculpteur, ami de son père, l’avait comparée à la Diane de Gabies.

De Diane, en effet, il évoquait la finesse solide,