Page:Marais - Trio d amour.pdf/94

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rences, en n’écoutant point le maître que l’on est, venu regarder.

D’ailleurs, Labrousse ne s’affichait guère, noçait discrètement et prenait ses précautions.

Aujourd’hui, Cécile eût voulu préciser ses soupçons ; mettre un nom sur son inquiétude ; n’avoir plus — chaque fois que passait devant elle une créature jeune et jolie — cette pensée : « C’est une femme semblable à celle-là qui me l’a pris ; qui l’a rendu distrait, indifférent… Ce pourrait être celle-ci… Peut-être même que c’est elle ? » Et le tourment de se demander comment sont les yeux de la voleuse ; à quel milieu elle appartient ; en quelle demeure elle attend son amant ?

Assise vis-à-vis de son mari, ressassant ses doutes passés et présents, Cécile réfléchissait.

Tout à coup, elle appela d’une voix sonore — afin d’attirer son attention :

— Robert !

L’avocat sursauta ; puis, répondit aimablement :

— Chère amie ?

Lançant à son mari un regard incisif et profond, Cécile interrogea :