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Cécile était aussi blessée que si Robert lui avait infligé l’insulte de ramener une maîtresse à son foyer.

Une pudeur d’épouse, une timidité naturelle avaient empêché Cécile d’espionner ou de questionner son mari, jusqu’à présent. Hautaine et raffinée, la jeune femme vivait d’une existence quasi-provinciale, fréquentant quelques parents ou des voisins de sa propriété ; ces rares relations des gens qui ne veulent connaître que leurs égaux en honorabilité et surtout en fortune ; et qui finissent par vivre en marge du monde vrai, à force de vouloir être du vrai monde.

Cécile n’avait point de ces connaissances nombreuses et superficielles qui vous renseignent sur votre infortune par leurs étourderies involontaires ou leurs gaffes intentionnelles. Elle ne parlait jamais à ses domestiques, non plus qu’à ses fournisseurs. Ainsi, Cécile restait dans l’ignorance des potins parisiens qui circulent un peu partout ; qu’on chuchote à l’heure du thé, en grignotant des gaufrettes ; à l’heure des essayages, en attendant son tour chez le couturier ; à l’heure des confé-