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xxi
INTRODUCTION

inconnu. Dans ce rapport où l’on semble découvrir une opinion arrêtée, on lit :

« Je ne sais si je me trompe, mais je crois que Montesquieu a trop de réputation pour être bien loué ; il est déjà jugé, apprécié par la nation, tous les secrets de son génie sont révélés. Quand on vient nous apprendre ses titres à l’immortalité, on nous trouve aux pieds de sa statue. Que dire donc à des lecteurs dont les pensées sont toujours en avant des vôtres, qui trouvent toujours dans le génie de l’homme que vous célébrés, quelque chose que vous n’y avés pas aperçu et qui, quand son éloge seroit complet, ne le croiroient pas encore fini.

« Montesquieu ne peut être loué que par de grands écrivains, et les grands écrivains se vouent rarement à la gloire des autres. Voilà pourquoi nous n’avons eu jusques-ici que de faibles discours, ouvrages d’écoliers ou de rhéteurs. C’est une pénible tâche que s’est imposée l’Académie, de juger toutes ces esquisses, elle s’en lassera, j’espère, quelque jour ».

Pourquoi, s’il en est ainsi, avoir mis au concours un pareil sujet ? L’Académie n’était point tout à fait de l’avis de son rapporteur puisqu’elle le prorogea jusqu’en 1789. Au bout de sept ans elle ne trouva pas un sujet digne d’obtenir ce prix ; la Révolution vint,