Aller au contenu

Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il se dissimuler que les ministres seuls ont miné le pied de ce rocher terrible, dont le roi n’a jamais songé à prévoir ou prévenir l’écroulement ? S’il tremble que les masures de l’édifice gothique, qu’il s’efforce de relever, ne l’ensevelissent enfin sous leurs ruines, du moins n’ignore-t-il pas que ce n’est qu’avec les deniers publics qu’il l’a étayé jusqu’à présent. Aujourd’hui même il sollicite l’assemblée de lui accorder de grands, de prompts secours, sous prétexte d’empêcher la dissolution de l’État, de régénérer les finances, mais uniquement pour affermir l’administration, pour le mettre en état de perpétuer l’ancien régime.

Écoutons un peu par quels moyens il prétend revivifier le royaume. — « Je ne vous propose, Messieurs, aucune grande subversion, aucune idée systématique, aucune de ces imaginations auxquelles on donne le nom de génie ; tout doit être simple, en ce genre, tout doit être au moins successif, surtout dans un moment où la confiance, ce lien si nécessaire entre le présent et l’avenir, nous refuse son assistance. » — Quoi ! dans les temps de calamité, dans ces jours d’alarme et de détresse, où le salut public paraît désespéré, les ressources du génie et les efforts de la vertu ne seront pas de saison ! Au lieu de repousser tout sot ménagement, de fouler aux pieds toute sotte considération, on s’attachera à découvrir l’abîme, on rejettera les grands moyens de le combler, et on cherchera de petits expédients pour l’enceindre d’une barrière !

Serait-ce prudence ? Non, non, c’est astuce : le ministre ne craint pas de dessécher, d’épuiser l’État ; il craint de donner des chocs à la machine, et d’être écrasé par la réaction ; il ne hait pas les violents partis, il redoute de les prendre. Voyez-le fuir, en les abandonnant à l’Assemblée Nationale, en lui criant que tout est perdu, si, par de grandes et vigoureuses mesures, elle ne vient au secours des administrateurs ; si elle ne court tous les événements pour les tirer d’embarras.

Entrons ici dans quelques détails. Tout le plan de