Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/133

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France dans les horreurs des guerres civiles ; ces préparatifs du départ… ; on trouvera réunis tous les caractères de la plus affreuse conspiration.

Elle a été préparée et consommée sous les yeux du ministre favori. Qu’a-t-il fait pour s’y[1] opposer ? Qu’a-t-il fait pour prévenir l’orgie des gardes-du-corps ? Qu’a-t-il fait pour empêcher le roi de s’y trouver ? Qu’a-t-il fait pour l’empêcher de reprendre le ton d’un despote, en témoignant les plus alarmantes dispositions à l’égard des décrets de l’assemblée nationale ? Qu’a-t-il fait pour l’empêcher de se préparer à la fuite ? Non seulement il n’a rien fait ; mais, à en juger par la réponse qu’il a mise dans la bouche du monarque, lorsque les décrets constitutionnels furent présentés à l’acceptation, n’est-il pas évident que s’il n’a pas trempé[2] directement dans cette conspiration, il en a profité pour travailler à rendre le roi absolu ? Il voulait qu’il n’accordât son accession à ces décrets, « que sous la condition positive, dont il ne se départirait jamais, que le pouvoir exécutif aurait son entier effet entre ses mains » ; c’est-à-dire que le pouvoir exécutif dans sa plénitude, et tel qu’il était exercé avant la révolution, lui fût remis.

Ce pouvoir comprend la puissance de disposer de toutes les forces de terre et de mer, la puissance de disposer des revenus de l’État, la puissance de disposer des tribunaux, la puissance de disposer de la police ; c’est-à-dire la puissance suprême, devant laquelle les lois se taisent toujours, la seule qui soit irrésistible[3], la seule qui inspire

  1. Dira-t-il qu’à cet égard les autres ministres sont coupables comme lui ? J’en conviens ; aussi la nation doit-elle s’assurer d’eux et de lui, pour les traiter comme des traîtres, des ennemis publics. (Note de Marat)
  2. Qu’il nous dise un peu qui a fourni l’argent pour ce voyage ? Car il était tout prêt, certainement. Peut-on lui demander encore qui a fourni le trésor qu’on envoyait au comte d’Artois, et qu’on a si heureusement saisi ? (Note de Marat)
  3. Voyez dans mon Plan de Constitution la manière de la diviser, pour qu’elle ne soit plus redoutable. (Note de Marat)