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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/178

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jamais, peut-être renouvellera-t-on pour lui la charge dangereuse de connétable.

Mettrez-vous votre espoir dans le ministre des finances, cet intrigant consommé, qui ne peut respirer que dans l’atmosphère du cabinet, qui renoncerait plutôt à la vie qu’au timon des affaires, et qui est rongé de l’ambition de dominer la France sous le nom de régent ? Pour se rendre maître de la nation, il afficha la bienfaisance, puis il chercha à relever le peuple qu’il n’aime point, et à humilier les grands qui le méprisent ; mais dupe, et de ses hauteurs simulées, et de sa fausse popularité, il ne tarda pas à flatter les courtisans qui pouvaient le maintenir en place, à trahir le peuple qui avait fait sa réputation, et à lui faire perdre les droits qu’il semblait travailler à lui rendre. Sacrifiant à sa gloriole le bonheur de la nation, il entreprit de[1] remettre au monarque le souverain pouvoir ; et pour la forcer à reprendre ses fers, il l’épuisa de misère, la livra aux horreurs de la disette, à la crainte de la famine, et devint l’âme d’horribles conspirations qui devaient réduire la capitale par le fer et le feu. Vous attendez de lui votre bonheur, il consommera votre ruine ; quel autre aurait assez d’astuce et de ténacité pour aller à son but, en poursuivant sans relâche les mêmes manœuvres qui auraient dû le perdre ? Pour reprendre l’empire, il a levé sur les peuples une contribution patriotique, qu’il a employée à payer l’armée, à subjuguer les comités de l’assemblée nationale, l’administration municipale, et les chefs de districts ; il continue ses opérations désastreuses sur les grains ; il accapare le numéraire par des billets de caisse dont il inonde le public, et qu’il force de recevoir, et aux barrières, et à la ville ; il thésaurise pour subvenir aux frais d’une campagne prochaine, et s’il ne peut

  1. C’est lui qui engagea le roi à tenir le lit de justice de juillet. (Note de Marat)