Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/183

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En voyant l’organisation de la milice nationale, l’énormité des appointements prodigués à l’état-major soldé, l’indigne choix de l’état-major non soldé, j’ai prédit que l’uniforme perdrait la liberté, et que l’on se servirait, pour enchaîner la nation, des mêmes mains qui avaient rompu ses fers : prédiction qui n’a encore été que trop bien justifiée.

En voyant le commandant-général de la troupe parisienne si soumis au pouvoir municipal, j’ai pensé que ce citoyen équivoque profiterait des sots préjugés du public en sa faveur, pour lier sa patrie, jusqu’à ce que le moment fût venu de lever le masque : souvenez-vous du 22 janvier.

Puisse le passé nous servir de leçon puisse la voix de l’Ami du Peuple réveiller de leur léthargie ses compatriotes : puisse-t-elle leur faire ouvrir les yeux, puisse-t-elle prévenir la ruine dont ils sont menacés.

Je n’ai porté mes réclamations au tribunal de la nation, que parce qu’elles sont liées à la cause publique ; il importe au triomphe de la liberté que l’un de ses plus zélés défenseurs ne soit pas immolé par les agents du pouvoir.

On lui fait quelques reproches. Peut-être a-t-il passé les bornes de la modération en attaquant les ennemis du bien public : il ne s’en défend pas, il sait qu’il porte jusqu’au délire l’amour de la justice, de la liberté et de l’humanité ; mais au milieu des écarts que les gens froids et tranquilles lui imputent, son cœur fut toujours pur, et jamais il ne songea qu’au bien du peuple, jamais il n’eut en vue que le salut de la patrie.

C’est pour travailler à rendre la nation libre et heureuse, qu’il mène depuis treize mois un genre de vie qu’aucun homme au monde ne voudrait mener pour se racheter d’un supplice cruel : c’est pour elle qu’il est descendu dans l’arène ; c’est pour elle qu’il a si souvent abandonné le soin de ses jours.

De rigides censeurs qui veulent absolument retrouver