Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/196

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mettre bas les armes à la milice nationale de Vernon, déposa la municipalité élective, réinstalla la municipalité royale, sévit contre les citoyens qui s’étaient montrés patriotes, en fit traîner plusieurs en prison, et commit cent atrocités. Crainte que la nouvelle de ces horreurs ne parvînt à Paris, on intercepta les lettres à la poste, on prévint même leur arrivée, en faisant publier une fausse missive, où Plantère jouait le rôle d’un négociant chargé de faire des approvisionnements sur les lieux pour la capitale, et où la punition de ce vil agent était représentée comme un assassinat commis par des brigands, dont les habitants de Vernon eux-mêmes demandaient vengeance. Bientôt les barbouilleurs de papier à gages répandirent de toutes parts des contes faits à plaisir. Cependant le fatal secret fut enfin dévoilé par les députés de cette ville, et il vient d’être consigné dans des mémoires en réclamation des outrages commis par le féroce d’Hières. Vaine réclamation, repoussée sans pudeur par les municipaux parisiens, dont elle dévoile l’iniquité, et que l’Ami du Peuple ne cessera d’appeler en témoignage, en attendant qu’on puisse un jour la porter au tribunal de la Nation.

Passons à d’autres faits non moins constants, quoique moins connus.

Vers la mi-octobre, le sieur Desnissart, fermier à Meaux en Brie, ayant été sommé de fournir des grains aux marchés de Tournon et de Chaumes, petites villes voisines, il n’en conduisit qu’au premier marché, que fréquentaient les accapareurs, et où était cantonné un détachement de milice parisienne. Les habitants de Chaumes et des environs se plaignant à lui de ce qu’il les laissait manquer de grain, il leur répondit : « Vous ch… trop blanc, si vous

    l’âme damnée du ministère des finances, avait supposé un faux décret de l’Assemblée nationale. Voir les mémoires des députés de Vernon. (Note de Marat)