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trafic de ces tripots, y a fait construire de nouveaux moulins[1].

Je l’ai accusé de nous avoir réduits à la cruelle alternative de périr de faim, ou de vivre d’un aliment dangereux, portant le germe de plusieurs maladies redoutables ; et j’ai inculpé la Municipalité parisienne d’avoir connivé avec lui. Dès lors les preuves juridiques ont été acquises, elles sont complètes[2] aujourd’hui : mes inculpations à cet égard

  1. Voyez la page 18 du procès-verbal de Saint-Martin-des-Champs ; j’apprends que depuis peu ils ont été transportés dans les environs de Paris. (Note de Marat)
  2. Une multitude de faits connus aurait conduit à la source de la disette qui a désolé la capitale, les mandataires provisoires de la commune, s’ils avaient été fidèles à leurs commettants, et s’ils n’avaient pas été vendus au cabinet. En voici quelques-uns.

    Les sieurs Leleu, dans leur réponse à la municipalité sur la lettre de M. Necker, relative à l’approvisionnement de Paris, affirment avoir abandonné les moulins de Corbeil, le 22 juillet 1788 ; leur traité avec le gouvernement pour 1789, étant plus que rempli : de sorte qu’ils ont laissé la capitale totalement dépourvue trois mois entiers. Or, il était du devoir de la municipalité d’enjoindre aux sieurs Leleu de produire les ordres en vertu desquels ils avaient anticipé les fournitures aux termes de leur traité, sous peine d’être poursuivis comme accapareurs de grains, et auteurs de la disette qui a été la suite de cette anticipation : ce qu’ils n’ont point fait.

    D’où vient ce silence criminel des administrateurs municipaux ? Faut-il le demander ? De leur connivence avec le cabinet.

    Un autre point bien essentiel à éclaircir, c’est la mixtion dangereuse des farines fournies par les sieurs Leleu : la municipalité devait donc leur enjoindre parallèlement de produire les ordres en vertu desquels ils les avaient altérées, et faute par eux d’en justifier, elle devait les poursuivre comme accapareurs et empoisonneurs publics : ce qu’elle n’a point fait. — D’où vient ce silence criminel des administrateurs municipaux ? De leur connivence avec le cabinet.

    Parmi les papiers trouvés sur le sieur Berthier, après son arrestation, était une lettre du comte de Ravillac, en date du 5 juillet dernier, dans laquelle il demandait à cet intendant de toucher des fonds sur le produit de la vente des grains faite par le gouvernement ; péculat dont il était du devoir de la municipalité de demander