rejeter sur eux tout le blâme de la disette ; pourquoi elle leur a fait tant de fois des offres dont elle connaissait toute l’inutilité ; pourquoi elle était si soigneuse de faire marcher des détachements de la milice parisienne, contre les milices provinciales, pour soutenir les accapareurs ; pourquoi elle tenait du canon et des troupes dans les marchés qu’ils fréquentaient, pourquoi elle était si empressée de soustraire au châtiment les accapareurs dont on s’était servi ; pourquoi elle a fait marcher des troupes à 20 lieues pour accrocher [arracher] des mains des habitants de Vernon le sieur Plantère, dont elle redoutait les aveux indiscrets : tandis qu’elle n’a rien fait pour sauver les malheureux boulangers égorgés à sa vue ; pourquoi elle a soudoyé tant de folliculaires[1], pour donner le change au public sur les causes du manque de pain ; et pourquoi la disette n’a cessé qu’après que les honteuses manœuvres de l’administrateur[2] des finances ont été dévoilées, et qu’il a craint les traits de quelques plumes qui ne sont pas à vendre.
- ↑ C’est avec regret que je trouve dans la liste de ces écrivains complaisants ou vendus le nom de M. Brissot de Varville. En vain chercherait-on dans sa feuille une seule réclamation contre les attentats de la municipalité ; un seul mot patriotique en faveur du marquis de Saint-Huruge, dont l’absolution a bien montré l’injustice de la détention ; un seul mot en faveur de MM. Rutledge, Martin et Duval, indignement sacrifiés à la vengeance du corps municipal. Mais en revanche, on y verra qu’il n’a pas laissé échapper une seule occasion de donner le change au public, en propageant des bruits faux et ridicules contre les boulangers et des accapareurs privés imaginaires, pour cacher les accapareurs ministériels ; voilà les manœuvres du Comité des subsistances, les délits du Comité de police, et les lenteurs du Comité des recherches, dont il est membre.
Ses premiers écrits ne l’avaient pas fait placer dans la classe des écrivains distingués ; mais ils l’avaient fait regarder comme un patriote, titre glorieux qu’il a sacrifié à des vues particulières, et peut-être à de vaines promesses. (Note de Marat)
- ↑ Ces manœuvres honteuses durent encore, seulement on a soin de mêler une moindre quantité de mauvaises farines à de bonnes, afin de rendre la qualité du pain moins détestable. (Note de Marat)