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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/214

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lorsque le moment serait venu, et d’ôter aux citoyens les moyens de résister.

Ces perfides projets sautaient aux yeux de tout observateur clairvoyant ; il était du devoir de tout vrai patriote de les dénoncer, et mille faits connus (je le répète) auraient conduit à la preuve les mandataires provisoires de la commune, s’ils avaient été fidèles à leurs commettants, s’ils ne s’étaient pas vendus au cabinet.

Oublions le Corps Municipal, il ne joue ici qu’un rôle subalterne : il pouvait aspirer à l’honneur de servir la patrie, sans doute, mais aucun de ses membres n’est fait pour prétendre à la célébrité, pas même son chef, qui a sacrifié sa petite réputation d’auteur à la fortune d’un bas valet. Mais vous, Monsieur, vous, fameux parvenu, vous, premier Ministre des Finances, vous, que la nation plaçait à la tête de ses défenseurs, et qui l’avez trompée si indignement, après en avoir imposé à toute l’Europe ; vous, qui avez lâchement sacrifié un peuple entier qui vous adorait à des hommes superbes qui vous méprisent ; vous, qui pouviez jouir de la gloire immortelle de sauver la France, et qui avez préféré d’en être le fléau ; quels fruits attendez-vous de vos manœuvres criminelles ? — Rester l’âme du cabinet, vous faire nommer Régent du royaume, et régner sous le nom du Monarque ? Ne vous en flattez pas ; à peine aurez-vous relevé les ennemis de la Patrie, qu’ils vous renverront sans pitié. — Laisser la réputation d’un grand homme ? Ne vous en flattez pas ; les temps sont passés où l’on admirait un adroit fripon ; aujourd’hui il faut des vertus, et l’horrible entreprise d’affamer et d’empoisonner un peuple qui implorait vos soins paternels, vous rendra pour toujours l’exécration des Français, l’opprobre du genre humain.

Quant aux hommes qui pensent, il y a longtemps qu’ils vous ont apprécié ; ils vous regardent comme un heureux intrigant, un adroit faiseur d’affaires : mais vous venez de déchirer le voile qu’ils ont soulevé ; vous vous êtes mis à