Aller au contenu

Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion de la perfidie du ministère, et peut-être de leur propre perfidie.

Pour vous empêcher de réfléchir aux dangers qui vous menacent, ils ne cessent[1] de vous étourdir par des fêtes, et de vous tenir[2] dans l’ivresse pour vous empêcher de voir les malheurs prêts à fondre sur vous. L’auriez-vous cru, votre général, qui n’a négligé aucun moyen de séduction, vient de former, contre le vœu de tous les districts, un parc d’artillerie destiné à vous foudroyer ; l’état-major de votre garde n’est composé que de vos ennemis, aux gages du prince ; vos chefs de bataillon sont presque tous gagnés ; et, pour comble d’horreur, la milice parisienne n’est presque plus composée que d’hommes vains ou aveugles qui ont oublié la patrie pour les cajoleries du général.

Citoyens de tout âge et de tout rang, les mesures prises par l’Assemblée nationale ne sauraient vous empêcher de périr : c’en est fait de vous pour toujours, si vous ne courez aux armes, si vous ne retrouvez cette valeur héroïque qui, le 14 juillet et le 5 octobre, sauvèrent deux fois la France. Volez à Saint-Cloud, s’il en est encore temps, ramenez le Roi et le Dauphin dans vos murs, tenez-les sous bonne garde, et qu’ils vous répondent des événements ; renfermez l’Autrichienne et son beau-frère, qu’ils ne puissent plus conspirer ; saisissez-vous de tous les ministres et de leurs commis ; mettez-les aux fers[3], assurez-vous du chef de la municipalité et des lieutenants de maire ; gardez à vue le général ; arrêtez l’état-major, enlevez le parc d’artillerie de la rue Verte, emparez-vous de tous les magasins et moulins à poudre ; que les canons soient répartis entre tous les districts, que tous les districts se rétablissent et restent à

  1. Correction autographe de Murat : n’ont cessé, au lieu de ne cessent.
  2. Correction autographe de Marat : ils vous ont tenu, au lieu de et de vous tenir.
  3. Correction autographe de Marat : abattez leurs têtes, au lieu de et de leurs commis ; mettez-les aux fers.