Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/229

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jamais permanents, qu’ils fassent révoquer les funestes décrets. Courez, courez, s’il en est encore temps[1], ou bientôt de nombreuses légions ennemies fondront sur vous : bientôt vous verrez les ordres privilégiés se relever,[2] le despotisme, l’affreux despotisme, reparaîtra plus formidable que jamais.

Cinq à six cents têtes abattues vous auraient assuré repos, liberté et bonheur ; une fausse humanité a retenu vos bras, et suspendu vos coups : elle va coûter la vie à des millions de vos frères[3] : que vos ennemis triomphent un instant, et le sang coulera à grands flots ; ils vous égorgeront sans pitié, ils éventreront vos femmes, et pour éteindre à jamais parmi vous l’amour de la liberté, leurs mains sanguinaires chercheront[4] le cœur dans les[5] entrailles de vos enfants[6].

Marat, l’Ami du Peuple.


  1. D’après une correction autographe de Marat, il faut supprimer ces mots : s’il en est encore temps.
  2. Intercaler ici et, d’après une correction autographe de Marat.
  3. Les soldats de la garde nationale n’échapperont pas plus que les autres : les ci-devant gardes-françaises et toute la garde soldée qui a quitté les drapeaux du roi pour se ranger sous ceux de la patrie, seront les premiers sacrifiés, en dépit des serments d’assurance que pourrait leur faire le général. (Note de Marat)
  4. Correction autographe de Marat : arracheront, au lieu de chercheront.
  5. Correction autographe de Marat : des, au lieu de dans les.
  6. Des milliers d’espions seront bientôt mis en campagne pour enlever tous les exemplaires de cette feuille ; je supplie tous les écrivains patriotiques de la conserver dans leurs écrits, les patriotes aisés de la remettre sous presse et de la faire circuler dans les provinces par des mains sûres. (Note de Marat)