Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/237

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Il était libre avant l’existence de l’Assemblée nationale, il sera libre en dépit de ses infâmes décrets ; et tant qu’il croira sa plume utile au salut du peuple, rien au monde ne sera capable d’arrêter sa plume. De tout temps il fit profession de mépriser les menaces des tyrans. Sûr de la justice de sa cause, et reposant sur son innocence, il brave également et le sceptre du monarque, et le glaive du Châtelet, et les foudres du sénat. Il ne confondra point le petit nombre de sages, dignes de toute la confiance de la nation, qui honorent encore l’Assemblée nationale, avec les adversaires de la révolution qui la déshonorent. Les premiers ont toujours eu ses hommages ; les derniers ne méritèrent jamais que ses mépris. Ignorants, hautains, avides et lâches oppresseurs, ils ne lui parurent jamais que des ennemis de la liberté, intéressés à défendre leurs usurpations contre le peuple qu’ils opprimaient. Longtemps il s’efforça de les faire chasser du sénat où ils n’ont aucun droit de siéger ; longtemps il chercha à dévoiler leurs perfides projets, il est parvenu à leur arracher le masque dont ils se couvrent. Malgré les beaux dehors qu’ils affichent, déjà on ne voit en eux que des fourbes, des fripons, des parjures, des perfides ; bientôt on ne verra en eux que des conjurés, des traîtres, des conspirateurs ; ils paraîtront dans toute leur turpitude, et l’inviolabilité qu’ils réclament lâchement à grands cris ne les garantira pas de la vindicte publique.

Marat, l’Ami du Peuple.