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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/236

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toute l’administration municipale, tout l’état-major de la milice parisienne.

Et, s’il fallait donner des exemples individuels, parmi les principaux criminels de lèse-nation, je citerais Bailly, Mottier, Brunville[1], Varien[2], Montlausier, Maury, Montmorin, Cazalès, Target, Desmeuniers, de la Luzerne, d’Albert de Rioms, la Tour-du-Pin, Necker et Riquetti l’aîné, les plus redoutables de tous, enfin Malouet, le plus scélérat de tous.

Rappelons ici le sujet de cette longue épître.

Le simple décret lancé contre les plumes patriotiques suffit pour rendre ses indignes auteurs criminels de lèse-nation.

À l’audace avec laquelle ils ont eux-mêmes foulé aux pieds la déclaration des droits de l’homme, et renversé les fondements de la constitution, que voulez-vous que l’on pense, si ce n’est qu’ils sont les plus perfides ennemis de la nation qui leur a confié ses pouvoirs pour assurer ses droits, son repos, son bonheur ; preuve évidente qu’ils ne croient pas à la révolution.

Je le répète, le honteux décret lancé contre les écrivains patriotiques est l’ouvrage des ennemis de la constitution, siégeant dans l’Assemblée nationale, qu’ils déshonorent. Cet attentat contre la liberté de la presse suffit seul, pour anéantir la liberté de penser et d’écrire, le plus beau des droits de l’homme ; tache flétrissante pour le législateur, tant qu’il subsistera : il est de son devoir de l’anéantir, et de son honneur de ne pas différer un instant de le proscrire avec ignominie.

Et qu’on ne pense pas que l’Ami du peuple fasse ici le plus petit retour sur lui-même ; ses principes sont connus, et sa conduite ne les a pas démentis.

  1. François-Antoine de Flandres de Brunville, procureur du roi au Châtelet.
  2. Il s’agit, selon toute vraisemblance, du comte de Virieu, député du Dauphiné.