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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/243

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avait capté le commandant et l’état-major de la milice bourgeoise qui s’appliquaient à favoriser leurs projets, et qui s’occupaient à organiser l’armée parisienne, de manière à faire abandonner la patrie aux soldats citoyens, pour les rendre des instruments d’oppression dans les mains de leurs chefs. Déjà ils disposaient du Châtelet, chargé d’absoudre les ministériels traîtres et conspirateurs, et de faire périr les patriotes zélés qui s’opposaient à leurs attentats.

Tandis que le maire de Paris et le général disposaient de toutes les forces de la capitale et des provinces à 50 lieues à la ronde, les ministres paralysaient celles de la nation entière, par une loi martiale, proclamée pour protéger tous les traîtres à la patrie qu’ils feraient entrer dans leurs complots. Ils venaient de tramer une nouvelle conspiration, ils y firent entrer les principaux chefs de l’armée, ils garnirent la Lorraine, la Flandre, l’Alsace, de troupes allemandes, de tous temps dévouées à la cour : le roi devait aller les joindre pour fondre à leur tête sur la capitale ; tandis qu’un régiment réfractaire aux ordres de l’assemblée, attiré à Versailles sous prétexte de maintenir le calme, devait se joindre aux gardes-du-corps pour protéger la fuite de la famille royale. Tout était disposé pour sa fugue à Metz. Il s’agissait de justifier cette fuite aux yeux de la nation : les mesures étaient prises ; une bande de chenapans soudoyés devait pénétrer dans le château, blesser quelques gardes-du-corps, faire croire que le roi et le dauphin avaient échappé à des meurtriers, attirer le soupçon sur nos fidèles représentants, et sur les Parisiens, révolter contre eux l’armée et les royalistes, les engager à fondre sur la capitale, dissoudre le corps législatif et massacrer nos plus fidèles défenseurs.

Deux orgies, célébrées par les satellites royaux, dans lesquelles on avait foulé aux pieds la patrie, au milieu d’horribles exécrations contre les décrets de l’assemblée nationale, ne laissaient aucun doute sur les noirs desseins du cabinet. Elles avaient répandu l’alarme dans Paris,