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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/255

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les cris de fureur de vos implacables ennemis. Eux-mêmes, plongeant à l’envi leurs mains homicides dans votre sang, déchireront vos entrailles palpitantes, sur le sein livide de vos femmes et de vos enfants. — Voilà donc les fruits de vos privations, de vos jeûnes, de vos travaux, de vos dangers, de vos blessures, de vos combats, de vos victoires, ou plutôt voilà les fruits amers de votre aveugle confiance, de votre stupide sécurité.

Peuple échappé à ce sort effroyable, un seul moyen vous reste, c’est de vous lier étroitement à vos frères d’armes des troupes de ligne, c’est de leur faire jurer, sur l’honneur, de ne pas marcher contre l’ennemi, que la liberté ne soit établie dans vos murs, que les ennemis de la patrie ne soient écrasés ; c’est de faire tomber sous la hache vengeresse la tête criminelle de vos ministres ; et, avant tout, c’est de vous assembler sans délai, de remplir le sénat, et de demander à grands cris la révocation du funeste décret, que les pères prétendus de la patrie se sont hâtés, sans doute, de présenter à la sanction… Mais, hélas ! l’Ami du Peuple vous prêchera-t-il toujours en vain ? Prends conseil de tes malheurs, peuple lâche et stupide ; et si rien ne peut te rappeler au sentiment de tes devoirs, coule tes jours dans l’oppression et la misère ; termine-les dans l’opprobre et l’esclavage.

Marat, l’Ami du Peuple.