Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/264

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viennent-ils pas de dévoiler à ses yeux les honteuses trames ourdies par les officiers, pour soulever les soldats ; la dureté avec laquelle les a traités le commandant, les injustices qu’ils ont souffertes, les faux rapports qui ont été faits et aux comités et à l’Assemblée, pour en arracher les funestes décrets : mais au lieu de revenir sur ses pas, de reconnaître son erreur, de révoquer ses arrêts, et de poursuivre le châtiment des chefs indignes de commander, elle abandonne barbarement les subalternes au pouvoir exécutif, et se déclare approbatrice de tous les assassinats des satellites affidés de la cour.

Juste ciel tous mes sens se révoltent, et l’indignation serre mon cœur. Lâches citoyens ! verrez-vous donc en silence accabler vos frères ? Resterez-vous donc immobiles, quand des légions d’assassins vont les égorger ? Oui, les soldats de la garnison de Nancy sont innocents ; ils sont opprimés, ils résistent à la tyrannie ; ils en ont le droit, leurs chefs sont seuls coupables, c’est sur eux que doivent tomber vos coups : l’Assemblée nationale elle-même, par le vice de sa composition, par la dépravation de la plus grande partie de ses membres, par les décrets injustes, vexatoires et tyranniques qu’on lui arrache journellement, ne mérite plus votre confiance.

Citoyens trop confiants ! Apprenez donc enfin à connaître ces prétendus pères de la patrie, devant lesquels vous fléchissez le genou, et que vos égards soient réglés sur leur démérite. Voici[1] leurs comités de constitution, des finances, des rapports, des recherches ; leurs comités militaire et diplomatique se prostituer au prince, et lui vendre les droits et les intérêts de la nation, la liberté, l’honneur et la vie même des citoyens. Et l’auguste Assemblée (à une quinzaine de patriotes près, et à une centaine d’hommes honnêtes), qu’est-elle qu’un assemblage hideux d’hommes de boue, de prélats hypocrites et impudiques, de courtisans

  1. Il faut lire sans doute voyez.