Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/269

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quatre carabiniers l’ont poursuivi et ramené à Nancy. Une partie de la garnison et de la garde nationale a été à sa rencontre, ils l’ont amené dans la ville sur les cinq heures du soir, et sur le champ conduit dans la prison. Le mardi matin, environ dix mille hommes de troupes, avec huit pièces de canon, ont environné la ville ; à onze heures, une députation de la garnison s’est transportée vers eux, ils l’ont retenue prisonnière. À une heure, une députation de la municipalité s’est aussi rendue au camp ; ils ont demandé qu’on leur livrât à l’instant le commandant et M. Malseigne, en menaçant de mettre le feu à la ville s’ils n’étaient pas remis sous une heure. Le régiment du Roi et Mestre-de-Camp les leur ont conduits au bruit de leur musique. À peine ces officiers ont-ils été livrés qu’une partie de l’armée ennemie a fait feu sur ces deux régiments. Mestre-de-Camp a riposté en se sauvant dans les villages voisins ; et le régiment du Roi a regagné son quartier sans faire feu. Peu après l’armée ennemie s’est avancée jusqu’aux portes qu’elle a enfoncées à coups de canon ; en renversant tout ce qui se présentait. Les Suisses ont arrêté longtemps les ennemis à la porte Saint-Louis où se sont donnés les grands coups : les bourgeois, voyant massacrer leurs frères, ont fait feu des fenêtres sur ceux qui entraient dans la ville. La garde nationale qui était à la porte Saint-Nicolas a tiré vers la place du marché un coup de canon qui a tué 23 hussards avec leurs chevaux, le feu a duré trois heures, les ennemis ont abîmé la vieille ville et une grande partie de la nouvelle. On compte 2 600 personnes tuées et 1 500 blessées, dans le nombre des morts sont 359 Suisses et 68 bourgeois de Nancy, et 400 femmes ou enfants : les ennemis ont perdu environ 1 400 hommes, tant gardes nationales que troupes de ligne, surtout des hussards ; le général ennemi n’est entré dans la ville que sur la fin du massacre. Il a fait pendre sur-le-champ 22 Suisses, et rouer un. Sur les neuf heures du soir, il a fait partir le régiment du Roi, et tirer un coup de