Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/271

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pandent l’imposture de toutes parts ; ils ne l’empêcheront pas de périr enfin par un supplice infamant, aussitôt que la vérité se sera fait jour.

Mais voici d’autres horreurs dont il est accusé.

De Pont-à-Mousson, ce 4 septembre 1790.

« Vous rappelez-vous, monsieur, que M. Bouillé avait annoncé qu’il allait rassembler toutes les forces du département de la Meurthe, montant à 15 000 gardes nationaux. Vous rappelez-vous qu’il avait aussi annoncé de la résistance de la part des soldats citoyens. Sachez donc qu’elle a été si grande qu’il a pu à peine trouver 600 volontaires qui aient consenti à marcher. Qu’a fait l’honnête homme, il a fait endosser secrètement l’habit national (dont on prétend qu’il a des magasins, comme tous les autres commandants de place), à sept cents scélérats tirés des régiments étrangers : il les a fait marcher sous quatre chevaliers de Saint-Louis qui servent dans la garde de Metz, et ce sont eux qui ont massacré Château-Vieux et les bourgeois de Nancy. Enfin, sachez que les aristocrates de Nancy, les avocats, les robins et surtout les abbés, tiraient des fenêtres sur les Suisses et sur le peuple. »

Cette lettre est parvenue à l’Ami du Peuple par un négociant qui arrive de Verdun. Je ne garantirai point la vérité des exécrations qui y sont rapportées ; mais elles sont si conformes aux desseins de notre ministère, et au caractère atroce de Bouillé, qu’on a peine à se défendre d’y ajouter foi. J’en inserrerai (sic) donc l’indispensable nécessité d’envoyer à Nancy des députés patriotes, ou même de faire venir à Paris des députés des trois régiments et de la commune de Nancy, pour tirer la chose au clair, par-devant un tribunal de justice, tenu à la face des cieux et de la terre : car si les choses se sont passées comme on a trop lieu de le craindre, et si Bouillé a été l’agresseur ; n’en doutez