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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/272

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pas, citoyens, cette affaire-ci est le commencement d’un projet de contre-révolution, et le salut de la patrie exige que ses auteurs soient exterminés jusqu’au dernier.

Lettre à l’Ami du Peuple.

Je dois vous faire part, monsieur, de quelques mots qui se sont dits, hier, dans un cercle aristocratique. En parlant du peu de fond que l’on peut faire sur les relations que l’on a de l’affaire de Nancy, qu’il était bien étonnant que l’on ne sût pas encore de quel côté les premiers coups de fusil étaient partis. — Cela est très douteux, dit un chevalier de Saint-Louis, et c’est ce que M. Bouillé attendait. Ce mot m’a frappé ; il m’a fait naître une foule de réflexions, et je suis sûr que vous trouverez le mot de l’énigme.

Une observation bien importante que je fais depuis quelques jours, c’est que l’on voit bien peu d’uniformes aux promenades publiques. Cela fait qu’on reconnaît plus aisément ceux qui les portent ; et je puis vous assurer y avoir distingué des hommes attachés à l’ancienne police. On m’a certifié que le sieur Bailly leur avait donné des brevets de capitaine à la suite de l’état-major. Dès lors je ne serais plus surpris de la manière dont ils exercent l’espionnage dans les endroits publics, et de l’effronterie avec laquelle ils arrêtent les honnêtes gens. Ce qui me confond, c’est que la garde nationale souffre impunément dans son sein des scélérats de cette espèce, qui déshonorent un habit fait pour être respecté, c’est que tous les bons citoyens ne se fédèrent pas pour se défendre contre l’oppression de ces coquins.

Signé : Vaillant,
Sergent des Invalides, à l’hôtel.