Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/30

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cachet, que lorsqu’elles ont commencé à frapper sur leurs têtes.

On leur reproche d’avoir demandé les États-Généraux, pour sanctionner la levée de nouveaux impôts ; et de se donner, eux, les Pairs et le Clergé, pour les États-Généraux[1], dès qu’il est question d’y faire entrer le Tiers-État.

On leur reproche d’avoir poussé le Tiers-État à réclamer ses droits, et d’avoir étouffé sa voix lorsqu’il a voulu faire entendre ses réclamations.

On leur reproche d’avoir rendu des Arrêts contre les attroupements, et d’avoir eux-mêmes excité en secret des émeutes.

On leur reproche d’avoir réclamé sans relâche deux de leurs Membres arrêtés par lettres de cachet, et de n’avoir qu’une fois fait mine de venger la mort de tant de Citoyens égorgés militairement.

On leur reproche d’avoir demandé la liberté de la presse, dans l’espoir d’être flagornés ; puis d’en avoir demandé la suppression, dans la crainte d’être censurés.

On leur reproche de s’être tournés tantôt vers la Nation, tantôt vers le Gouvernement, suivant les circonstances ; et d’avoir essayé tour à tour de faire du Monarque et[2] du

  1. S’ils sont les États-Généraux, eux, les Pairs et le Clergé, pourquoi en avoir demandé la convocation ? Ne sont-ils pas toujours assemblés en Parlement ? N’est-ce pas se jouer effrontément de la Nation, que d’en agir de la sorte ? Et l’auteur patelin qui essaie de les justifier a-t-il bonne grâce de chercher à inspirer de la défiance sur la pureté des intentions du Roi, tout en balbutiant sur leur arrêt relatif à la Pétition des six corps, et à leur défense aux notaires de recevoir des signatures ? (Note de Marat)
  2. Faut-il en croire la renommée ? Hélas ! le fait n’est que trop certain. Oui, à la honte éternelle de la Magistrature, le Parlement de Rennes, qui s’était si distingué en frondant les expéditions militaires ordonnées contre le Peuple, vient lui-même d’envoyer une députation à Versailles, pour demander des troupes contre le Tiers-État, qui lui conteste d’injustes prétentions. Juste Ciel ! sont-ce là les pères de la Patrie ? Changés en bourreaux, ils sont prêts aujourd’hui à déchirer ses entrailles. Leur masque est tombé :