Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/31

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Peuple un instrument de fureur contre celui qui s’opposerait à leurs vues secrètes, à leurs projets ambitieux.

On leur reproche d’aspirer à l’indépendance, et de ne s’opposer au Roi que dans l’espoir de partager un jour son autorité.

On leur reproche un esprit[1] de corps insoutenable, une odieuse partialité. On les accuse d’ambition, d’insubordination, de révolte, d’injustice, de tyrannie ; et ils ne se justifient sur aucun point. Que penser de ce silence ? À voir leurs beaux discours et leurs horribles procédés ; leur morale si douce dans la théorie, et si dure dans la pratique ; leur politique si sage en apparence, et si perfide en effet ; tant de modestie sur les lèvres, et tant d’orgueil dans le cœur ; tant d’humanité dans les maximes, et tant de cruauté dans les actions ; des hommes si modérés et des Magistrats si ambitieux, des Juges si intègres et des jugements si injustes, on ne sait plus à quoi s’en tenir ; et le titre touchant de pères du Peuple, dont ils se parent avec ostentation, ne semble plus qu’un titre dérisoire, destiné à désigner avec ironie des sujets dangereux, d’inhumains égoïstes.

    malheureux Peuple, connais enfin tes protecteurs, et gémis de ta sotte crédulité, gémis du sang versé pour leur défense. (Note de Marat)

  1. L’esprit de corps est une tache indélébile, même dans un homme de bien. Un Président à mortier que le public s’était toujours plu à regarder comme un sage, demandait, il y a quelques jours, à des Libraires-Imprimeurs… Et votre communauté ira-t-elle aussi signer la Pétition ? Belle demande ! Qu’il jette les yeux sur cette multitude d’écrits patriotiques que chaque jour voit éclore, et puis qu’il doute encore du patriotisme de ces hommes estimables, qui dans tous les temps ont contribué à la propagation des lumières. (Note de Marat)