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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/334

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j’ai déjà obtenu ou plutôt conquis une imprimerie nationale[1]. Ils auraient dû m’être accordés sur les 100 mille livres mises à la disposition du ministre de l’intérieur, pour les écrivains qui travaillent à l’instruction publique.

Je m’étais flatté que le sieur Roland, si empressé de favoriser les illuminés et les endormeurs[2], barbouilleurs de papier, dévoués à ses ordres, saisirait avec empressement l’occasion que je lui fournissais de s’honorer aux yeux de la nation, par un emploi judicieux et vraiment civique d’une partie de cette somme, surtout après s’être compromis en montant une imprimerie aristocratique, car il passe pour certain qu’il a fourni sept presses aux frères Regnier, imprimeurs du Cercle Social.

Qu’a fait le bonhomme ? Il n’a pas repoussé directement ma demande ; mais il a mis en avant mille prétextes ministériels. Pressé par Fréron de concourir à la publication de mes écrits patriotiques, il parut céder un moment ; et la femme Roland, qui mène les affaires, sous son directeur Lanthenas, convint avec Fréron de couper court à toute difficulté, en faisant appuyer ma demande par ma section pour l’absolution de son mari auprès de ses confrères brissotins. Le 28 du mois dernier, l’assemblée générale de la section de Marseille prit à cet égard l’arrêté de nommer six commissaires pour porter son vœu au ministre de l’intérieur, arrêté aussi honorable pour l’Ami du Peuple que pressant pour l’automate ministériel. Fréron étant absent, Danton le remit à Roland, en renouvelant ses

  1. Après le 10 août, Marat avait obtenu du Comité de surveillance de la Commune de Paris l’autorisation de faire enlever, pour l’impression de son journal, quatre presses de l’imprimerie nationale du Louvre. En ventôse an III, un décret de la Convention en ordonna la restitution. Cf. sur cette affaire Marat, voleur de presses, dans Épisodes et curiosités révolutionnaires, par Louis Combes, pp. 211-213.
  2. Les Lanthenas, les Girey-Dupré, les Louvet et autres écrivailleurs brissotins. (Note de Marat)