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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/364

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il prétend assurer le triomphe des patriotes en les attelant à des aristocrates, et sauver la patrie en criant aux uns et aux autres paix là, messieurs, entendons-nous et soyons frères.

Il m’a peint comme un fou[1] atrabilaire ou un ennemi cruel de la nation ; n’est-il pas étrange que ma folie m’ait fait dévoiler et déjouer tous les complots des conspirateurs, tous les complots que sa sagesse ne lui avait pas même permis de soupçonner ? Et n’est-il pas singulier que ma haine pour la nation m’ait porté à m’immoler pour la patrie, tandis que son civisme ne l’a pas même engagé à courir le moindre danger ?

Qu’on me permette ici une observation. Après plusieurs traits de pusillanimité funestes, Pétion se montre une seule fois avec énergie, et l’Ami du Peuple, du fond de son cachot, s’empresse de demander la couronne civique pour ce défenseur du peuple. Après trois ans de vie souterraine, environné d’espions, d’assassins, de misère et de tribulations, l’Ami du Peuple, respirant enfin en liberté, est appelé à soulager ses frères du Comité de surveillance. À peine y est-il admis que les faux patriotes en prennent ombrage, que les ennemis de la patrie jettent les hauts cris ; et c’est Pétion, devenu leur organe sans s’en douter, qui met l’Ami du Peuple sous le couteau des faux patriotes, en le peignant comme un fou atrabilaire et le plus perfide des ennemis de la nation.

Glissons sur ce cruel procédé, il y a trop longtemps que je suis abreuvé d’amertumes pour m’arrêter à cette pécadille.

Le maire de Paris est mal entouré, voilà la source de sa conduite bizarre, incertaine, pusillanime ; voilà le principe de sa funeste sécurité.

Quitte ta place, Pétion, et remets-la à des mains plus

  1. C’est l’épithète que les Marmontel, les D’Alembert, les Condorcet, et autres charlatans encyclopédiques, donnaient à Jean-Jacques. (Note de Marat)