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SUPPLÉMENT DE L’OFFRANDE À LA PATRIE

Premier Discours

Dans les temps de désordre et de confusion, c’est le devoir des amis de la Patrie de lui consacrer toutes leurs pensées : aussi, tant qu’il me restera quelque observation importante à faire, ne croirai-je jamais m’être acquitté de ce devoir sacré. Mes chers compatriotes, le désir de vous voir libres et heureux enflamme mon sein, et comme un feu dévorant, il le consume nuit et jour.

Défaisons-nous des préjugés de la vanité. L’étendue, la force, la puissance et la gloire de l’Empire peuvent flatter l’orgueil du Monarque : mais que font-elles au bonheur des Peuples ; ils n’y ont aucun intérêt… Ce qui les intéresse véritablement, c’est de jouir en paix de leur fortune ou du fruit de leurs travaux, c’est d’être gouvernés avec justice et modération. Le dirai-je ? nos malheurs viennent uniquement de l’incapacité et des vices de ces hommes superbes, chargés d’assurer notre bonheur. Et qui peut en douter encore ?

C’est à l’incurie du Gouvernement que nous devons la longue, la trop longue durée de ces lois iniques et barbares qui nous tyrannisent au nom de la justice éternelle.

C’est à la malheureuse ambition du Gouvernement que nous devons ces dépenses énormes qu’ont entraînées tant de projets insensés, tant de folles entreprises, tant de guerres désastreuses.

C’est à l’orgueil et à la faiblesse du Gouvernement que nous devons ce faste scandaleux de la Cour, ces rapines des Courtisans, ces prodigalités du Prince, qui nous ont appauvris et qui nous appauvrissent chaque jour.