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exécutif ; il comprend le Prince, ses Ministres et ses Conseillers.

L’Administration est l’exercice des fonctions du Gouvernement.

Les Tribunaux sont les Corps chargés du pouvoir judiciaire.

Dans un État bien constitué, ces différents pouvoirs doivent être chacun dans des mains différentes.

On voit du premier coup d’œil que le Souverain serait soumis à son Ministre, et la Nation à la merci de son Chef, si le Prince réunissait la puissance législative à l’exécutive ; réunion qui ne peut avoir lieu que par l’usurpation de l’autorité suprême ; car jamais peuple ne se remit volontairement à la discrétion de ses conducteurs. Une Nation n’est donc libre qu’autant qu’elle conserve la souveraineté, qu’elle peut réprimer le gouvernement, et qu’elle le surveille. Mais comme les droits des Nations ne sont pas moins sacrés et imprescriptibles que ceux de l’homme, elle peut toujours y rentrer, ou plutôt elle ne les perd jamais ; l’usurpation ne devenant jamais un titre valide, eût-elle dix mille siècles de possession.

On voit aussi du premier coup d’œil que dans un État bien constitué, les Tribunaux doivent toujours être indépendants du Prince, et toujours indépendants l’un de l’autre, mais tous subordonnés au Souverain.

Enfin on voit du premier coup d’œil que dans un État bien constitué, le Prince doit être soumis aux lois comme le dernier des sujets, et, loin de pouvoir soustraire à leur empire ses Ministres, ses favoris, ses créatures, il ne doit pas pouvoir s’y soustraire lui-même.