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feront quelques jours de plus ou de moins avant que de s’occuper de l’examen des finances ? Car de donner à l’État une constitution qui fasse à jamais son bonheur sera l’affaire de quelques jours, si le Cabinet n’y apporte point d’obstacle.

Quel sera donc le plan de conduite des Députés du Tiers-État ? Celui que prescrit la prudence.

Porter à l’Assemblée un esprit calme, également éloigné et d’une aveugle confiance et d’une défiance injurieuse, mais éclairé sur tous les points, mais en garde contre toute surprise ; puis voir venir le Prince.

S’il a réellement dessein de rétablir la Nation dans ses droits, qu’ils bénissent sa bienfaisance, qu’ils l’invitent, l’engagent, le sollicitent de commencer par le grand œuvre de la régénération de l’État, et qu’ils s’empressent de le consacrer.

S’il ne parle que de réformer l’administration, qu’ils fassent, avec respect, valoir le vœu des peuples.

S’il persiste dans ses projets, qu’ils lui opposent une fermeté inébranlable.

C’est une hydre à cent têtes que la tyrannie sous ses différentes formes ; pour l’abattre, il faut la vertu d’Alcide. Vos Députés, mes chers compatriotes, seront les chevaliers de la Nation pour eux le Conseil suprême se changera en champ de Mars ; mille ennemis puissants viendront tour à tour les assaillir ; mais l’amour de la Patrie en fera des héros.

Peut-être la Noblesse et le Clergé, cherchant à rendre nulle la convocation de l’Assemblée nationale, ou à la faire tourner à leur avantage, demanderont-ils que chaque Ordre délibère séparément. Gardez-vous de ce mode gothique que la raison réprouve, qui n’a été suivi que dans les temps de l’anarchie féodale, et qui ramènerait le règne désastreux de la barbarie.

Si le salut de l’État exige que l’on commence par délibérer sur les lois fondamentales du royaume, l’unité des