Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/86

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Nulle assurance de jouir du fruit de ses propres travaux, continuellement dévoré par un essaim d’exacteurs, de concussionnaires, et de déprédateurs ; découragement de tous les sujets laborieux, oppression d’une multitude d’infortunés, désolation continuelle des peuples.

Affaiblissement de l’État, et impossibilité de jamais établir un bon Gouvernement.

De l’autre côté, suppression de toute exaction, concussion, et déprédation.

Anéantissement de toute oppression.

Sûreté entière des biens et des personnes.

Diminution des impôts, et augmentation des revenus publics.

Progrès de l’Agriculture, des Arts, du Commerce, et de la population.

Facilité de tous les établissements qui peuvent augmenter la gloire du Prince, les ressources de l’État, et le bonheur des peuples.

Si jamais vérité morale fut démontrée, c’est l’utilité des États-Généraux rendus permanents ; le bien qu’ils produiront est évident, incontestable, immense qu’on réalise leur existence pendant quelques années, c’en est assez pour la rendre éternelle, tant chacun trouvera son intérêt particulier dans l’intérêt commun.

Je ne m’étendrai pas ici sur la forme à donner à la constitution, pour la rendre solide et durable : j’observerai simplement qu’elle dépend d’une sage distribution des différents pouvoirs de l’État, distribution qui doit être telle qu’en laissant au Gouvernement toute son activité et le secret de ses délibérations, elle circonscrive néanmoins l’autorité arbitraire, et assure aux citoyens la liberté civile, la paisible jouissance de tous leurs droits ; ce qui fera du corps politique un tout parfait, et le chef-d’œuvre de la Législation.

Mais ce chef-d’œuvre ne peut se réaliser aujourd’hui que par le concours de la Nation et du Prince.