Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
le charme de l’histoire

enfants à ne pas abandonner. Nous voyons du premier coup d’œil que quitter son pays au moment où il est en danger est une mauvaise condition… Le devoir est de rester attachés à la patrie et de contribuer, selon ses faibles moyens, à rétablir l’ordre » (II. 87).

À partir de ce jour, Dufort se trace un plan qu’il définit ainsi : « Se conserver, lui et les siens, par une nullité absolue " (II. 128). Il ne s’abstient pas cependant des devoirs que lui impose sa situation ; peut-être d’ailleurs n’aurait-il pu s’en affranchir complètement sans se compromettre davantage. En 1789, il refuse d’être député aux États-Généraux, mais il est présenté au club des Jacobins par Beauharnais, et il se laisse nommer commandant de la Garde nationale, quoique son âge et ses rhumatismes ne lui permissent plus de monter à cheval. Il assiste en cette qualité, le 14 juillet 1792, à la fête de la Fédération à Blois, et avec une surprise railleuse, mais sans indignation hautaine, il reconnaît parmi ses collègues et il voit prendre place à côté de lui, au banquet officiel, le maître d’hôtel de son beau-frère Amelot. Sous le Directoire, fidèle à son système de toujours prêter son concours à l’autorité pour maintenir l’ordre et rétablir la paix sociale, il compose des discours moraux destinés à être lus dans les fêtes décadaires. Membre du club de Blois, il insiste pour créer des clubs