cachaient ; pas une personne dans les rues ; toutes les portes et les fenêtres étaient fermées, comme en pleine nuit… Sur le quai de Blois tous les passants me regardaient avec une espèce de terreur, et les personnes de ma connaissance s’enfuyaient. Nous arrivâmes chez nous comme si la rue avait été déserte " (II. 204).
Sous ce régime qui avait prétendu inaugurer la liberté, les arrestations étaient si nombreuses que les prisons du temps des tyrans étaient devenues insuffisantes ; on y suppléait par les couvents, d’où leurs hôtes volontaires avaient été chassés, toujours au nom de la liberté. Blois avait adopté pour lieu de détention un ancien couvent de Carmélites ; c’est là que Dufort fut incarcéré. Plus de 80 personnes y étaient détenues, « depuis le mendiant et les sujets punis par la police correctionnelle » (II. 236), jusqu’aux aristocrates et aux sans-culottes devenus suspects aux autorités du jour.
Dufort eut pour logement l’ancienne cuisine des religieuses. C’était une grande pièce carrelée et vide. Il s’empressa d’y faire apporter des meubles ; son lit, « auquel il était habitué… un grand buffet noir « qui fut fort utile », etc. La porte fermait mal ; il fit appeler un serrurier et fit poser, à ses frais, une triple serrure. Il était servi là par ses gens, qu’il fallait appeler aides, et non domestiques ; ceux-ci avaient la permission d’entrer et de sortir