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le charme de l’histoire

Houdon et Pajou. Las de toutes ces tristesses, il quitte Paris sans avoir le courage d’attendre la fin des dix jours fixés par son permis. Il emprunte un cabriolet, loue au poids de l’or deux chevaux, car il est impossible d’avoir des chevaux de poste, et part à la pointe du jour. « Trois fois dans la route on me demande mon passe-port ; à la dernière, un bonhomme, après m’avoir bien regardé, me le rend en me disant : « Citoyen, je vous souhaite un bon voyage et que le bon Dieu vous accompagne ! » Et Dufort ajoute : « Langage bien étonnant dans un temps où tous les diables étaient déchaînés » (II. 263).

Quelque temps après son retour à Cheverny, il reçoit la visite de son neveu. « Le citoyen Amelot, dit-il, est arrivé hier dans ma cour. Le fils et le petit-fils de deux ministres cordons bleus, qui a été lui-même intendant de Bourgogne à 23 ans, qui, à 28 ans, fut mis par Necker à la tête de la Trésorerie nationale et avait le travail avec le roi, a adopté le costume de la grosse bourgeoisie, ayant les cheveux sans poudre et coupés à la Titus, suivant la mode du jour ; nous l’avons pris d’abord pour un gros fermier. Après avoir embrassé oncle et tante, il nous a conté qu’il était venu par les voitures publiques jusqu’à Blois, et que connue actuellement il a établi dans sa maison au faubourg Saint-Honoré, un manège et une